Une page se tournera bientôt chez BMW, avec le départ à la retraite de l'iconique V12 de la Série 7. Un colosse couvert de gloire 35 ans durant, mais devenu anachronique à l'heure du downsizing et de l'électromobilité. La production du 6,6 litres biturbo de la Série 7 sera stoppée définitivement en juin prochain. En guise de baroud d'honneur, BMW lancera une édition limitée à 12 unités (et au marché U.S.) de la M760i Xdrive.
Sniff – avec le nif qui coule, les bras levés au ciel et tout et tout ! C’est la fin d’une époque ! BMW vient en effet de sortir la nécro’ anticipée de son V12. La firme à l’hélice a annoncé son intention d’arrêter en juin prochain la production du plus gros et du plus noble de ses moteurs thermiques, trente-cinq ans après l’avoir placé – au chausse-pied -, sous le capot de la 750i E32.
La législation européenne en matière de pollution atmosphérique, de moins en moins permissive pour les (gros) moteurs thermiques, aura eu raison de ce colosse. Voilà un petit moment déjà que la Série 7 n’est proposée avec cet emblématique V12 que sur une poignée de marchés, notamment en Amérique du Nord, en Asie du Sud-Est et dans la péninsule arabique.
En guise de pot de départ à la retraite de ce “palpitant” gros comme celui d’un bon samaritain, BMW USA vient de lancer une série limitée à 12 exemplaires (va savoir pourquoi ils ont choisi précisément ce chiffre) de la M760i xDrive.
Un baroud d’honneur, une édition Farewell baptisée “The Final V12”. Au programme : des badges commémoratifs, une plaque numérotée à l’intérieur, un logo V12 sur la malle arrière… La production de ce collector en puissance, qui s’affiche à 2 millions de dirhams environ, démarrera en juin. Les livraisons sont prévues dès juillet.
Le poids de l’histoire vs les grammes de CO2…
Si, au sein de la tribu des Bimmers, c’est le straight-six, le six-en-ligne, qui remporte le plus de suffrages, qui fait figure d’idole pour la rage dont il fait montre, les bagnoles légendaires qui l’ont abrité et le palmarès de dingue qu’il a permis à Béhème de glaner, le gros 12-pattes munichois n’en demeure pas moins un monument, une pièce d’orfèvrerie chargée d’histoire, le premier V12 allemand post-Seconde Guerre mondiale !
Autre fait d’armes, et pas des moindres : c’est une version endiablée de ce bloc (en plus du talent et de la science d’un certain Gordon Murray) qui a permis à la McLaren F1 de détenir, sept ans durant, entre 1998 et 2005, le record de la voiture de série la plus rapide du globe (391 km/h). Le V12 de la tremendous supercar anglaise cubait 6,1 litres.
Né en 1987, soit un an après l’arrivée de la deuxième génération de la Série 7 et dix ans après l’avènement de la première des limousines modernes de BMW (la Série 7 E23), le M70 (son code moteur) affichait des specs bien plus modestes : cinq litres de cylindrée et une puissance de 300 ch. La rivale de la Classe S a bâti une partie de sa gloire en prenant ce moteur pour socle.
Evidemment, had moulay le moulin a évolué au fil du temps sous le capot de la Série 7, mais aussi sous celui de la Série 8 E31 (celle de 1989), puis derrière la calandre en forme de temple grec des modèles de Rolls-Royce (dans le giron de la firme bavaroise depuis 1998), où il affiche la cylindrée “réglementaire” de Goodwood (6 litres 3/4) et une puissance et un couple maxi… confortables.
Trente-cinq ans au sommet !
Mais revenons chez BMW : en 1994, la troisième génération de “The Seven” (comme on dit, de nos jours), nom de code E38, a eu droit à une version de ce V12 portée à 5,4 litres de cylindrée et dotée d’un bonus de 26 ch par rapport à sa devancière.
Place, en 2002, à la E65, à la 760i, à un V12 de six litres et de 445 ch, puis, en 2008, à la F01, dont le V12 garde la même cylindrée, mais gagne une paire de turbos, ce qui lui permet de s’enhardir, de bondir à 544 ch (99 Luftballons… euh… chevaux… de plus que son aîné) et, surtout, de developper un couple maxi digne d’un Monster Truck : 750 Nm (dès 1.500 trs/min) !
Enfin, le sommet a été atteint chez BMW en 2015, avec la génération actuelle de la limo bavaroise, la G11 ; un sommet situé trois crans au-dessus de celui du G8, soit dit en passant. Le septième ciel puisque celle qui n’avait jamais eu droit à un séjour au sein du département Motorsport, s’offre la particule la plus puissante du monde . La M7, ce sera pour une autre fois, peut-être, même si l’exercice peut sembler vain sur une limousine comme la Série 7, mais il doit déjà y avoir moyen de se mettre bien au volant de la “7 M Performance” !

La M760 Li xDrive, qui est donc la dernière BMW pouvant se targuer d’être animée par un V12, c’est déjà la “flippe” totale, un dragster pour têtes couronnées et capitaines d’industrie qui passe au sol, via ses quatre roues de 20 pouces, 610 ch et 800 Nm, les coco(tte)s ! C’est à peine 17 ch de moins que la McLaren F1, mais 149 Nm de plus.
Dragster feutré
Evidemment, la 7 souffre d’un embonpoint terrible par rapport à la bête de Woking. Cette dernière affiche un peu plus d’une tonne sur la balance, soit quelque chose comme deux fois moins que sa lointaine cousine germanique ! Pour accueillir comme il se doit les grands de ce monde, la 7 a hérité de tout ce qu’une automobile peut raisonnablement embarquer comme électronique et comme raffinements.
Ceci étant, du fait de son couple démoniaque et de ses quatre roues motrices, le navire amiral de BMW ne serait pas ridicule face à la première de toutes les McLaren civiles si un run les opposait, elle qui atomise le 0 à 100 km/h en 3,7 s. C’est seulement 3 dixièmes de plus que le chrono de la supercar british sur cet exercice ! Une perf’ démentielle, obtenue dans une ambiance (intérieure) feutrée ; l’air de ne pas y toucher, quoi !