Un an après la Renaulution, cette révolution stratégique visant à faire renouer la firme au losange avec la rentabilité en la faisant passer d’une approche “course aux volumes” à un nouveau régime, basé en premier lieu sur la création de valeur, l’heure est au bilan. Le plan de Luca de Meo, PDG de Renault, a-t-il fonctionné ? Eléments de réponse.
Dans un communiqué de presse adressé à notre rédaction et rendant compte de l’essentiel de ses résultats commerciaux à l’issue de l’année 2021, la marque française annonce avoir mis en place une politique de vente sélective, rappelant qu’en plus d’être en phase avec le nouveau plan stratégique, cette mesure a été dictée par la conjoncture, par les conséquences de la crise sanitaire et celles de la pénurie des semi-conducteurs.
Vente sélective ? Que cela signifie-t-il ? Que les ristournes de malade pour gonfler les chiffres de ventes appartiennent au passé ! C’était l’ADN de Renault, notamment sur son marché domestique, où Poulidor, le dauphin éternel, a délogé, en 2021, Anquetil de sa place historique au sommet des ventes. Renault a écoulé 268.975 véhicules l’année dernière, ce qui représente un recul de 14,51% vs 2020 et près de 17.000 véhicules de moins que Peugeot.
Même son de cloche au niveau mondial, avec 1.751.089 unités vendues, soit un repli de 6,7% par rapport aux volumes réalisées en 2020. Cette déflation des ventes est un passage obligé. Du reste, voilà quelques années que Renault voit ses parts de marché hexagonales et mondiales fondre comme neige au soleil. En France, sa part du gâteau est passée de 20% en 2016 à 16,2% cinq ans plus tard.
Reculer pour mieux sauter ?
La différence avec les années précédentes, c’est qu’en 2021, la décroissance n’est pas aussi négative qu’elle en a l’air puisque “le mix des ventes aux particuliers a gagné +10 pts entre le premier semestre (40%) et le deuxième semestre (50 %)”, peut-on lire dans le communiqué en question, ce qui sous-tend un revenu net par véhicule plus important, les efforts commerciaux étant généralement plus conséquents à l’endroit des gestionnaires de flottes professionnelles.
Renault a également soigné sa position sur le marché européen des véhicules électrifiés (VE). Sa gamme E-Tech, composée de véhicules 100% électriques et hybrides, pèse désormais 30% des ventes de la marque sur le marché des véhicules particuliers, contre 17% un an plus tôt. La marque au losange a achevé l’année 2021 avec une part de marché de 14% dans le game VE européen. Sa ZOE a d’ailleurs été le deuxième modèle “zéro émission” le plus vendu sur le Vieux continent, derrière la Tesla Model 3.
Autre raison de se réjouir de l’exercice passé pour le management de Renault : les premiers résultats encourageants de l’opération reconquête du segment C, confiée au SUV Coupé Arkana, lancé en juin dernier et qui a totalisé, depuis, plus de 60.000 commandes, pour 42.000 ventes effectives et 56% du mix des ventes en faveur de sa variante hybride E-Tech.
Renault peut aussi se targuer d’avoir retrouvé sa place de leader sur le marché européen des véhicules utilitaires (hors pick-up) à l’issue de l’année qui vient de s’achever, avec une PDM de 15,7%. Une performance qui porte le sceau des deux nouveaux venus de la marque dans ce créneau, l’Express Van et le Kangoo Van.
Cap sur l’E-Tech et sur le segment C
En 2021, la marque française a également assis sa stratégie de marque globale. Pas moins de 44% des ventes du constructeur ont en effet eu lieu hors Europe en 2021. C’est deux points de plus qu’en 2020.
En valeur absolue, 2021 aura été une année bof-bof, pour Renault comme pour le clair des acteurs de l’industrie automobile. Du côté de chez Boulogne-Billancourt, cela dit, pas question de jeter le bébé avec l’eau du bain ! Ainsi qu’indiqué dans le document précédemment cité, “Renault va pouvoir profiter de cette base solide et performante construite en 2021 pour accélérer sa croissance vers l’électrification et le segment C grâce à deux lancements majeurs : Mégane E-Tech Electric et Austral, qui seront lancées en 2022”.