Parlons peu, parlons Qash : on a beau faire l'autruche, la transition énergétique va nous péter à la gueule un de ces quatre ! D'ailleurs, on en voit déjà la couleur. L'arrivée du Qashqai 3 sur notre marché, c'est un peu la première ligne de la nécro' du Diesel ! “Qa oula ma Qash” ? Le (big) best-seller de la marque s'accommodera-t-il du “décès” du dCi, motorisation sur laquelle il a bâti une partie non négligeable de sa gloire ? C'est la question à un million de dollars...
Le Nissan Qashqai 3 n’est pas “Qasher”, n’est pas parfaitement conforme aux “prescriptions rituelles” du marché marocain, fait l’impasse sur le Diesel, sur un marché qui ne jure que par ce type de motorisation, qui risque d’enclencher trop tard le freinage dégressif et de prendre ainsi de “traviole” le virage énergétique, quand l’industrie automobile mondiale a déjà pris le point de corde…
Oui, la principale nouveauté du Qashqai 3 se niche sous le capot puisqu’il a troqué les 1.5 l et 1.6 l dCi de la génération antérieure contre un 1.3 l DIG-T essence ! Un bloc plus respectueux de l’environnement, plus puissant que ses prédécesseurs aussi. Il développe 130 ch quand il est associé à la boîte manuelle à six rapports, soit pile-poil la puissance de la plus costaude des motorisations Diesel du Qashqai 2 marocain, et 150 ch quand c’est à la très douce boîte à variation continue (avec palettes au volant) qu’il est associé.
La liste des bénéfices générés par ce troc de blocs est longue : en termes d’insonorisation de l’habitacle, de vibrations, bref, de confort d’utilisation, les progrès sont notables ! Et le Qashqai 3 assure aussi en termes de consommation ! Les versions dotées de la transmission manuelle se contentent de 6,3 l/100 km et celles dotées de la boîte auto réclament 0,1 l/100 km en rab ! Raisonnable !
Oui, malgré tous les avantages que représente le passage à l’essence, que le Qashqai 3 n’abrite plus de bloc Diesel demeure une révolution, voire un coup dur si vous êtes verre à moitié vide plutôt que moitié plein… Et non, le conservatisme automobile n’empêchera pas le Qashqai 3 de “Qashetonner” !
Il devrait, selon toute vraisemblance, conserver son statut de best-seller du line-up marocain de Nissan, qu’il vient étoffer aujourd’hui, et générer davantage de “Qash-flow” que ses compagnons de showroom. Probablement pas dans des proportions aussi grandes que ses deux aînés, pas dans un premier temps, en tout cas, car bouger les lignes, les mentalités, ne se fait pas en un claquement de doigts !
Une perte relative
Comment convaincre la clientèle que la disparition programmée, dans les prochaines années, du Diesel sous le capot de tous les constructeurs signera le glas de la folle décote des modèles essence sur le marché marocain de l’occasion ? Comment lui faire rentrer dans le ciboulot qu’à moins d’être un gros rouleur, de parcourir plus de 30.000 km/an, les coûts d’exploitation d’un modèle essence sont inférieurs à ceux d’un mazout ? Pas évident !
On ne vous “Qashe” pas qu’on était sceptique quant à la capacité du nouveau venu de la gamme de SMVN (société marocaine des voitures nippones), importateur de Nissan sous nos latitudes, d’y exister au sein du segment C-SUV face à une concurrence rodée et armée de “mazouts du seigneur”, elle !

Mais ça, c’était avant ! Avant qu’on n’assiste à la conférence de presse de lancement de cette troisième génération, avant qu’on ne découvre de plus près ses lignes voluptueuses, avant qu’on ne juge sur pièces, lors d’un bref essai, un aller-retour entre Casa et Had Soualem, des nombreux avantages comparatifs dont dispose le premier Qashqai “Diesel free” !
On ne dit pas qu’il va plier le game d’entrée . C’est juste qu’il nous semble désormais exclu qu’il se vautre sur notre marché, malgré le handicap évident qu’il doit surmonter. Il y a eu le précédent Porsche, certes, qui tend à prouver qu’on peut faire sans trop de peine le deuil du Diesel. En effet, près de trois ans après la fin de l’aventure Diesel sur notre marché, la marque allemande n’est pas à plaindre. Mais on parle d’une marque sportive et ultra-premium qui ne deale pas avec les mêmes volumes de ventes.
Un gros challenge
Evidemment, la jurisprudence Juke 2 est plus édifiante : le SUV urbain a tourné le dos au Diesel avant son grand frère et Nissan Maroc qualifie d’encourageants ses débuts. Là encore, cela dit, ce n’est pas tout à fait comparable au Big Bang que représente l’arrivée du Qashqai.
On parle d’un véhicule qui pesait à lui seul près des 2/3 des ventes de la marque japonaise au Maroc, d’un véhicule qui y a été vendu à plus de 33.000 exemplaires et qui s’est écoulé à plus de 5,5 millions d’exemplaires dans le monde depuis l’avènement de la génération originelle !
Etre le premier “gros vendeur” à miser sur l’existence d’une vie après le Diesel est un énorme challenge ! Si le Qashqai 3 le relève, c’est banco ! Il aura pris une longueur d’avance sur ses rivaux. Si le fondateur de la lignée, dévoilé en 2007, a créé de toutes pièces le segment des SUV compacts tel qu’on le connaît aujourd’hui (le terme “crossover”, c’est lui qui l’a mis sur toutes les bouches ), son héritier veut aujourd’hui le réinventer, le refaçonner !
Ce ne sera pas une sinécure, mais c’est jouable ! Franchement, matez-moi cette beauté ! Plus hot que Tabatha “Qash” (on a les référence qu’on peut!), le Qashqai 3 fait grimper la température même quand ça caille ! Ne sentez-vous pas l’émotion vous prendre en détaillant sa calandre V-Motion béante, son regard assuré, ses feux LED (sur toutes les versions) forts d’une signature lumineuse en forme de C bien sentie, qui n’est pas sans évoquer celle du frangin Juke, ses boucliers aux larges écopes d’air verticales, aux échancrures qui rendraient presque jalouse la GT-R…
Un grand méchant look…
Le profil est à l’avenant : flancs nervurés, épaulements marqués, pavillon en pente douce, vitre de custode finement ciselée… Pour sa part, l’arrière du véhicule donne à voir un imposant becquet de toit qui surplombe un hayon à la base concave et des feux plus fins, dans la forme comme dans le fond, que ceux de la génération sortante, tandis que le bouclier souligne l’ensemble de belle manière.
Maintenant qu’on a utilisé un pan substantiel de notre vocabulaire dithyrambique pour dépeindre la vénusté du SUV compact de Nissan, on n’est pas dans la m… ! Il nous reste en effet tant de choses à vous faire découvrir ! La révolution, ce n’est pas seulement sous le capot qu’elle s’est produite. A l’intérieur, la montée en gamme par rapport au Qashqai 2 est flagrante !
Les matériaux ? Du velours, ou plutôt du “Qashmire” ! Le contenu technologique ? Explosif ! Le C-SUV de Nissan inaugure le combiné d’instrumentation numérique de 12,3 pouces de Nissan sur la plus huppée des trois finitions disponibles au catalogue local, la Tekna, et embarque un écran tactile central affichant 8 pouces dès la plus modeste d’entre elles, l’Acenta, écran qui passe à 9 pouces dès la finition intermédiaire (N-Connecta).
Dominant désormais la console centrale, le nouvel écran central donne accès à un système d’infodivertissement à la connectivité proverbiale. Compatibilité Apple CarPlay et Android Auto sont au programme – sans fil pour le plus grand des écrans.
Un intérieur dingue !
Par ailleurs, ce Qashqai 3 a fait le plein d’aides à la conduite. Et il a aussi droit à une sécurité passive de choc. Sachez qu’il embarque 7 airbags, dont un airbag central, une première au sein du segment des SUV compacts ! Un dispositif qui se déploie en cas de choc latéral afin d’éviter que les occupants des sièges avant ne s’entrechoquent. Futé !
Enfin, l’habitabilité est en net progrès. Affichant 4,43 m de long (+3,5 cm) et 1,84 m de large (+3,2 cm), le Qashqai 3 offre un empattement allongé de près de 2 cm par rapport à son aîné. Il offre, du reste, une capacité de chargement beaucoup plus importante, 504 l, en l’occurrence, ce qui représente 74 l de plus que celui du Qashqai 2. Avec son hayon motorisé et son seuil de chargement relativement bas, ce coffre coche toutes les cases.

Sincèrement, s’il disposait d’un bloc Diesel sous son capot, on vous dirait que le Qashqai 3 est calibré pour tout déchirer, commercialement parlant. Car il a tout pour lui. Lors de notre brève prise en mains, nous avons découvert un amour de SUV-C, agréable à vivre et très à son aise sur l’asphalte. Pas une surprise en soi ! Le nouveau Qashqai inaugure en effet la plateforme CMF-C de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi. Et ça change tout !
Cette base roulante affiche sur la balance 30 kg de moins que celle de la génération précédente. Grâce à ses ailes avant et à son capot moteur en aluminium, de même qu’à son hayon en matériau composite ultra-léger, le nouvel opus affiche même jusqu’à 63 kg de moins que celui qu’il supplée.
Un mini-essai transformé !
Sur route, nous avons pu mesurer les progrès réalisés en matière d’efficacité par le Qashqai 3. Ses nouvelles suspensions avant et arrière, qui offrent un compromis proche de l’idéal entre confort et fermeté, mais aussi sa direction recalibrée, précise comme une breloque suisse, sont un enchantement de tous les instants. La boîte auto est réactive, ce qui est loin d’être le cas de toutes les CVT, et le moteur est fougueux. Bref, ce Qashqai 3 vous séduira sans peine. Si tant est que vous arriviez à dépasser votre fixette sur le Diesel, bien entendu…
La grille tarifaire du Qashqai 3 démarre à 290.000 DH et culmine à 370.000 DH. Il bénéficie, cela dit, d’une offre de lancement assez irrésistible dans son genre, une ristourne de 30.100 DH sur toute la gamme.