Selon l'astrologie chinoise, 2022 est l'année du Tigre d'eau. A l'occasion du Mondial de l'Auto 2022, qui s'est tenu à Paris du 17 au 23 octobre dernier après une éclipse de quatre ans, les constructeurs chinois se sont échiné à démontrer que c'était aussi l'An I du règne européen de leurs véhicules électriques (EV).
La 89e édition du Mondial de Paris est passée près de la correctionnelle en raison de la désaffection de nombreux constructeurs majeurs, qui semblent avoir zappé pour de bon les grand-messes automobiles de leur agenda. La nature a horreur du vide, cela dit. En plus d’une présence en force des constructeurs locaux, de nombreux players “exotiques”, chinois, essentiellement, les BYD, GWM,Vinfast, Seres…, ont dévoilé des nouveautés et des showcars convaincants, électrifiés pour la plupart d’entre eux, à mille lieues de la “chinoiserie” que les esprits obtus n’auront pas manqué d’imaginer ! Il fut un temps, pas si lointain, lors duquel les bagnoles japonaises ou coréennes, faisaient marrer !
Seres
Lancée en juillet 2021 sur notre marché, où elle est importée par Africa Motors, filiale du groupe Auto Hall, Seres, marque du constructeur chinois Dongfeng, est également présente en France, à Monaco et Andorre, avec un modèle unique, le Seres 3, SUV compact 100% électrique dispose d’un chapelet d’arguments, en plus de celui qui vient naturellement à l’esprit, ses tarifs des plus concurrentiels (27.990 euros une fois déduit le bonus écolo, soit quelques milliers d’euros de moins que les e-2008, Kia e-Niro…).

Citons la bouille enjouée de ce SUV de 4,38 m de long, son habitacle accueillant et suréquipé, techno (instru numérique et écran tactile central de 10,25 pouces), fort d’une habitabilité généreuse et d’une qualité de fabrication ne prêtant pas le flanc à la critique si tant est qu’on garde à l’esprit ses tarifs agressifs.
Enfin, au niveau de la salle des machines, le Seres 3 embarque un moteur électrique de 161 ch et 300 Nm, de même qu’une batterie offrant une capacité nette de 52,6 kWh et une autonomie de 329 km (cycle WLTP).
A noter également, la présence, aux côtés du Seres 3, de son grand frère Seres 5, SUV familial de 4,70 m au style plus moderne, qui devrait être lancé dans les prochains mois en Europe et qui joue clairement la carte de la séduction avec sa signature lumineuse avant hypnotique, son bandeau lumineux à l’arrière, ou encore son pavillon en pente et ses poignées de portes escamotables. La marque laisse planer le gros du mystère sur ses caractéristiques techniques, se contentant d’indiquer qu’il donnera le choix entre deux batteries à forte capacité (80 kWh et 90 kWh).

Great Wall Motors
Présent à Paris à travers deux de ses innombrables marques, Ora et Wey, Great Wall Motors (GWM) est sur le point de les commercialiser au sein des marchés européens. Démarrons par l’Ora Funky Cat, compacte 100 % électrique au look “débonnaire”, qui n’est pas sans rappeler la VW Coccinelle. Elle dispose, cela dit, de sa propre personnalité et fait même preuve d’audace stylistique, notamment pour ce qui est de son bandeau lumineux intégré à la partie basse de la lunette arrière. La Funky Cat, c’est aussi un habitacle à la finition flatteuse, une dalle surplombant le tableau de bord et englobant deux écrans de 10,25 pouces chacun, un assistant vocal au taquet… Les compactes “zéro émission” européennes que sont la VW ID.4 et la Renault Mégane E-Tech ont trouvé à qui parler, d’autant qu’il s’agit de la jumelle technique du futur Mini Aceman (GWM et BMW sont partenaires), préfiguré en juillet dernier par le concept-car du même nom. Comme ce dernier, l’Ora Funky Cat, dont la commercialisation devrait avoir lieu fin 2023, ne dévoile aucune information d’ordre technique, pour l’instant.

Passons à l’autre marque de GWM, Wey, qui a débarqué à Paris avec une paire de SUV hybrides rechargeables, les Coffee 01 et 02, qui affichent respectivement 4,87 m et 4,67 m de long. Le plus gros des deux abrite une architecture hybride peu commune. Il associe un quatre-cylindres turbo de 204 ch à deux moteurs électriques et à une grosse batterie de 41,8 kWh (quand les véhicules PHEV se contentent en général de batteries bien plus compactes). Résultat des courses : le Coffee 01 développe une puissance combinée de 476 ch et est crédité d’une autonomie record en mode tout-électrique : 146 km. Pour sa part, le Coffee 02 est décliné en deux versions de 362 ch et 435 ch. Là encore, les batteries sont surdimensionnées et permettent d’offrir des rayons d’action à faire pâlir de jalousie la concurrence européenne : 124 km pour la version d’appel et 145 km.


BYD
BYD (acronyme de Build Your Dreams) a fait le show à Paris avec pas moins de trois modèles 100 % électriques, tous équipés de la fameuse batterie Blade (fabrication maison) : la Han, grande berline Coupé premium de 5 mètres de long dotée d’un moteur électrique sur chacun de ses deux essieux pour une puissance combinée de 517 ch ainsi que d’une batterie de 85,5 kWh, gage d’une autonomie de 521 km (cycle WLTP), l’Atto 3, SUV compact de 4,46 m de long disposant d’un électromoteur qui affiche une puissance de 204 ch et d’une batterie de 60,4 kWh lui permettant de revendiquer une autonomie de 420 kilomètres, et, enfin, leSUV 7 places Tang, qui affiche une longueur de 4,87 m et près de 2,5 tonnes sur la balance.


Reprenant les moteurs électriques de la Han, le BYD Tang peut compter sur la même puissance confortable (517 ch), mais son autonomie fond comme neige au soleil, hélas ! Elle n’est que de 400 km en cycle WLTP alors qu’il fait appel à une batterie légèrement plus grosse (86,4 kWh). La faute à son coefficient aérodynamique de 0,29 (Cx de 0,21 pour la Han !) et à son poids supérieur (2,3 tonnes pour la berline). Qualité de fabrication “européenne” et high-tech sont au programme à bord des membres de ce trio. Si la Han embarque pas moins de quatre écrans, c’est son écran tactile central de 15,6 pouces, présent à bord de ses deux frangins également, qui mérite la palme. Il pivote, offre le choix entre le mode paysage et le mode portrait ! Futé !

VinFast
Après une présence remarquée au Mondial en 2018, son petit stand ayant accueilli deux concepts de SUV thermiques dessinés par Pininfarina, mais qui semblaient alors peu aboutis, et, surtout, celui qui était alors l’égérie de la marque, David Beckham, le constructeur vietnamien VinFast a récidivé cette année. Pas de guest-star au programme, cette fois, mais une surface d’exposition XXL, un stand babylonien, et une stratégie recentrée sur le produit, ou, plutôt les produits ; quatre SUV 100 % électriques, en l’occurrence.
Il s’agit de deux concepts quasi-définitifs, les SUV compacts VF6 et VF7, qui devraient donner lieu à une industrialisation en 2023, et de deux modèles de série, les mid-size SUV VF8 et VF9, dévoilés récemment. Ces deux derniers devraient débarquer fin 2022 sur le marché européen. Le premier nommé mesure 4,75 m de long (comme son rival le plus frontal, le Tesla Model Y), quand le second franchit allègrement la barre des cinq mètres de long (5,12 m), offre jusqu’à 7 places et s’attaque quant à lui au bifteck du Model X. Dotés de lignes statutaires, d’habitacles épurés et connectés, ces deux modèles font appel à deux électromoteurs (un par essieu) et, partant, à une transmission intégrale permanente.


La VF 8 dispose de deux variantes : l’Eco, qui affiche une puissance cumulée de 353 ch et un couple de 500 Nm, et la version Plus, plus performante (408 ch et 620 Nm), mais au rayon d’action légèrement moins intéressant (400 km d’autonomie selon le protocole WLTP versus 420 km pour sa soeurette plus sage). La VF 9 n’a droit, pour sa part, qu’à l’attelage le plus costaud.