Les marques automobiles darou nia en décembre dernier, ont donné un dernier coup de collier pour ponctuer 2022 en beauté. Les ristournes et formules de financement spéciales qu'elles ont concoctées n'y ont rien fait, hélas ! Le marché marocain du neuf a même dévissé de 12,58 % lors de l'ultime mois de l'année ; un neuvième mois dans le rouge pour clore un exercice(six-six)... infernal, lors duquel le volume des ventes s'est contracté de 7,96 % par rapport à 2021.
Avec 161.410 véhicules écoulés contre 175.360 transactions un an auparavant, soit un recul du business de près de 8 %, le sigma des marques automobiles distribuées sur le marché du neuf marocain a plutôt assuré ! All in all, les statistiques des ventes globales annuelles, rendues publiques le 6 janvier dernier, lors de sa coutumière conférence de presse bilan, par l’Association des importateurs de véhicules au Maroc (Aivam), sont en effet loin d’être dégueux.
Il est temps de se rentrer un truc dans le ciboulot – si ce n’est déjà le cas. Le monde traverse une méchante crise. Le compteur affiche trois ans de mouise monumentale. Le marché du neuf marocain avait trinqué en 2020 (-19,5 % vs. 2019), mais s’était remplumé en 2021 (+31,5 % vs. 2020 et +5,7 % vs. 2019), année qui avait bénéficié d’un effet rattrapage, d’un report des achats contrariés par les mois de séquestration en 2020, au point de figurer au deuxième rang du « livre Aivam des records”, juste derrière 2018 (différentiel de moins de 2.000 exemplaires). Au vu de la conjoncture mondiale, les marques n’ont donc pas laissé plus de plumes que cela l’année dernière. Le recul des ventes peut même être qualifié d’anecdotique par rapport à la dernière année du calendrier pré-covid (-3 % seulement vs. 2019).
Lors de la conférence organisée par l’association dont il s’apprête à transmettre les rênes après six ans de bons et loyaux services, Adil Bennani a rappelé à ses hôtes les freins auxquels ont dû faire face les distributeurs et les concessionnaires en 2022. Effet secondaire du Covid, la crise des semi-conducteurs a lourdement perturbé les chaînes logistiques et, partant, les stocks des acteurs du marché du neuf.
Guerre et perte de confiance
Cependant, selon celui qui est aussi directeur général d’Auto Nejma, plutôt que l’indisponibilité de l’offre, c’est le fléchissement de la demande qui a le plus plombé les ventes de véhicules neufs à partir du deuxième semestre de 2022. En effet, à l’autre bout du cordon ombilical de la guerre en Ukraine, de la préoccupante sécheresse domestique, de l’inflation galopante et de la baisse du pouvoir d’achat, les professionnels ont noté un délitement du moral des affaires et de la confiance des ménages.
Lors de l’ultime mois de 2022, l’habituel bal des promos de fin d’année n’a pas eu l’effet escompté. A l’instar de novembre, décembre a été glacial, avec 16.121 ventes enregistrées, contre 18.440 immatriculations un an plus tôt au cours de la même période (-12,58 % en glissement annuel). Au final, le marché du neuf aura passé les trois-quarts de l’année 2022 dans le rouge. Une seule embellie a été constatée, une série vertueuse de trois mois, une douce parenthèse entre août et octobre.
Revenons-en aux chiffres annuels. Dans le détail, le segment des véhicules particuliers (VP), qui a concentré près de 89 % des volumes de ventes globaux en 2022, a enregistré un repli de 7 % en 2022, avec 143.146 voitures vendues, quand celui des véhicules utilitaires légers (VUL) a connu une contraction deux fois plus importante (-14 % en l’occurrence), à 18.224 transactions.
Dacia : “MVP” du VP
C’est gravé dans le marbre depuis 2010 : Dacia a décroché le titre de MVP du VP (ze most “volumable” player), malgré un repli des ventes de 12 % par rapport à 2021, plus fort que celui du marché. Avec 38.885 unités vendues et une part de marché de 27,2 %, elle conserve cependant une avance confortable sur l’autre marque distribuée par Renault Commerce Maroc, celle qui, vous l’aurez deviné, prête son nom à la filiale commerciale de Renault Group Maroc. Solide deuxième du Top 10 des marques les plus vendues du pays et, par ailleurs, leader du VUL, Renault a écoulé 21.545 véhicules particuliers, ce qui représente une hausse de ses volumes de ventes de l’ordre de 6 % par rapport à 2021 et une PDM de 15 %.
C’est Hyundai qui grimpe sur la troisième marche du podium, au terme d’une année pleine, qui a vu les commerciaux de la marque réaliser 13.197 transactions en 2022 (+10 %) et capter une PDM de 9,2 %. Derrière, on retrouve Peugeot, qui a écoulé 11.435 exemplaires l’année dernière, soit un recul de 7 %, et une PDM en progrès de quelques dixièmes de point (8 %).
Opel est cinquième, pour sa part, gagne une place par rapport au classement de 2021, même si elle a connu, en 2022, un premier coup de moins bien depuis début 2018 et son passage sous pavillon Auto Hall. En effet, ses ventes (6.760 unités) n’ont reculé que de 3 %, cependant que celles de Citroën, sixième en 2022 (avec 6.131 livraisons) et cinquième en 2021, et celles de Volkswagen (5.741 ventes), qui a dégringolé d’une position pour occuper le huitième rang à l’issue du dernier exercice fiscal, ont fondu respectivement de 16 % et de 17 %.
Toyota s’intercale entre ces deux-là, gratte une place par rapport à 2021 et occupe, ce faisant, la septième position du Top 10, avec 6.004 immatriculations (+12 %). La neuvième place revient à Kia (dixième en 2021), dont 4.908 exemplaires ont trouvé preneur en 2022 (+13 %), tandis que Fiat, a perdu une place et ferme ce Top 10 avec 4.609 transactions, en régression de 3 % seulement versus 2021.
Premium : Audi enchaîne
Au rayon premium, Audi, “champion” en titre, signe une deuxième année de rang au sommet du classement des ventes par marques. Ses ventes ont progressé de 11 % en 2022 (3.897 unités écoulées). Le delta avec le poursuivant, BMW, est considérable, supérieur à 1.000 exemplaires. La marque à l’Hélice a réalisé 2.844 transactions, en effet, des chiffres en retrait de 16 % par rapport à ceux enregistrés en 2021. Le Top 3 est complété par Mercedes, avec 2.384 immatriculations, soit un repli de l’ordre de 6 %. Assez loin derrière le triumvirat allemand, les poursuivants se nomment Jeep, quatrième avec 1.289 unités vendues, soit -28 % vs. 2021, Volvo (959 immatriculations et -17 %) et Land Rover, sixième (770 exemplaires et -29 %).
Le gap est également assez conséquent entre Land Rover et le reste du peloton, emmené par Porsche, septième (335 unités, synonyme d’une croissance de 8 %). DS gagne une place par rapport à 2021, se classe huitième (289 exemplaires et +3 %), devant Alfa Romeo (252 ventes et -18 %) et Mini, qui refait son apparition dans le Top 10 premium à la faveur d’une année 2022 sérieuse (207 unités écoulées et +10 %).