Renault Group et Managem Group ont signé ce 1er juin un accord de partenariat portant sur l'approvisionnement durable des batteries des véhicules électriques de la firme au Losange en cobalt marocain. Cet accord entrera en vigueur en 2025 et prévoit la fourniture par l'opérateur minier national de 5.000 tonnes de sulfate de cobalt par an sur une période de 7 ans.
Si tous les constructeurs sont engagés aujourd’hui sur la voie de l’électrification, certains d’entre eux y adoptent un rythme plus élevé que d’autres. C’est le cas de Renault Group. Pionnier de l’électromobilité avec sa gamme Z.E. (zéro émission), dévoilée en avant-première en 2009, le constructeur français a dilapidé, ensuite, une partie de son avance, avant d’accélérer, ces dernières années, l’électrification de sa gamme avec l’avènement de la technologie E-Tech et du plan stratégique Renaulution, qui prévoit une destinée 100% électrique pour la firme au Losange sur le marché européen (son débouché principal) à l’horizon 2030 !
Plusieurs modèles PHEV et 100% électriques verront le jour d’ici là, mais le groupe français prévoit aussi de réduire son empreinte carbone en amont, au niveau industriel. Il vise la neutralité carbone de ses activités en Europe d’ici 2040. Cela passe, entre autres, par une réduction graduelle de l’impact environnemental des batteries lithium-ion des véhicules électrifiés. La firme au Losange entend le réduire de 20 % d’ici 2025 par rapport à 2020 et de 35 % d’ici 2030 (en se basant sur le même référent). Pour y parvenir, elle est en train de plancher sur le déploiement de batteries plus performantes, bas carbone et durables, réutilisables.
Des partenariats stratégiques ont été signés dans ce sens par le groupe francilien avec la société minière australienne Vulcan Energy, pour l’approvisionnement en lithium à faible teneur en carbone, et avec la firme métallurgique finlandaise Terrafame, pour la fourniture de sulfate de nickel bas carbone.
Aujourd’hui, c’est à la porte de Managem, acteur majeur de l’industrie minière au Maroc et en Afrique, que le constructeur français vient toquer, à la recherche de cobalt à faible teneur en carbone et durable, à la traçabilité garantie ! De la “came” plus propre que le cobalt que proposent les sociétés minières de la république démocratique du Congo, accusées ces dernières années par des ONG d’envoyer des enfants au charbon.
Un accord stratégique

La cérémonie de signature de la convention de partenariat entre Renault Group et Managem, portant sur l’approvisionnement en sulfate de cobalt bas carbone à partir de 2025, à hauteur de 5.000 tonnes par an durant sept ans, a eu lieu ce 1er juin en présence de Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, de Gianluca De Ficchy, directeur des achats de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi et directeur général de l’Alliance Purchasing Organization (APO), d’Imad Toumi, président directeur général de Managem Group et de Mohamed Bachiri, directeur général de Renault Group Maroc.
Selon les termes de cet accord, Managem Group prévoit la construction d’une usine de transformation du minerai de cobalt en sulfate de cobalt au sein de son complexe hydro-métallurgique de Guemassa, près de Marrakech. Pour Renault Group, ce partenariat est l’assurance d’une chaîne d’approvisionnement en cobalt sécurisée représentant une capacité annuelle de production de batteries de l’ordre de 15 Gwh (15 millions de kilowattheures).
Le nouveau partenaire de Managem loue l’efficience énergétique des installations de ce dernier dans un communiqué de presse et annonce que cet accord ouvre la porte à une coopération plus étroite. Il n’est ainsi pas exclu que les deux acolytes, mais aussi les partenaires de Renault Group, les deux autres membres de l’Alliance, Nissan et Mitsubishi, trouvent d’autres accords pour l’approvisionnement en sulfate de manganèse et en cuivre, par exemple, mais aussi pour d’autres minerais nécessaires au fonctionnement des batteries de véhicules électriques.
Développement du sourcing local
“C’est une nouvelle étape du partenariat stratégique entre le Maroc et Renault Group qui s’amorce, aujourd’hui, avec cet accord portant sur la valorisation de nos ressources minières pour accompagner le développement de la mobilité électrique et l’intégration en profondeur de la plateforme industrielle automobile nationale», s’est exprimé Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce. Le ministre de tutelle a rappelé, du reste, que cet accord s’inscrit dans le cadre des engagements pris par Renault Group auprès du Royaume de porter son sourcing local à 2,5 milliards d’euros dès 2025.
“Cet accord constitue une étape supplémentaire pour atteindre l’objectif de diminuer l’empreinte carbone de nos batteries et d’atteindre la neutralité carbone pour le groupe en Europe d’ici 2040, et dans le monde d’ici 2050. La traçabilité et la décarbonation des matières premières de nos batteries sont des enjeux cruciaux pour la mobilité électrique et la transition énergétique. Nous nous assurons ainsi un approvisionnement plus proche de notre écosystème de fabrication de batteries électriques en Europe et à bas carbone”, a déclaré pour sa part Gianluca De Ficchy, directeur des achats de l’Alliance et directeur général de l’Alliance Purchasing Organization (APO).