Alors que la crise des semi-conducteurs joue les prolongations et que l'arbitre a oublié son sifflet, semble-t-il, le marché automobile du neuf a enregistré sa cinquième contre-performance mensuelle consécutive. Le mois dernier, la contraction a été de 4,35% en glissement annuel, tandis qu'à fin février 2022, la baisse est de l'ordre de 5,56%.
La pénurie de semi-conducteurs est le fil conducteur de tout papier en rapport avec le marché automobile. Au Maroc comme partout ailleurs. Et ça ne risque pas de changer ! On peut lire, dans un papier, daté du 1er mars, du très sérieux site américain Wired, que l’agression russe de l’Ukraine pourrait compliquer la donne, aggraver la crise des “microchips” puisque la firme ukrainienne Cryoin, qui assure à elle seule près de la moitié de la production mondiale de gaz néon, gaz rare nécessaire dans le processus de fabrication des puces électroniques, a baissé le rideau dès que se sont fait entendre les bruits de bottes !
Pour la faire plus simple, on n’est pas sorti de l’auberge ! Le trend baissier du marché automobile au Maroc est en train de s’installer, de devenir une tendance de fond ! Voilà cinq mois que les affaires ne vont pas fort, que les importateurs font face à des problèmes de stocks plus ou moins monstrueux ! Après un hiver 2021 glacial et un mois de janvier à l’avenant (-6,72%), la météo a été à peine moins capricieuse en février.
Selon les chiffres de ventes communiqués par l’association des importateurs de véhicules au Maroc (AIVAM), 13.497 exemplaires ont été écoulés au cours des 28 jours du mois dernier par le sigma des marques, contre 14.111 un an plus tôt durant la même période. Cela représente un repli de 4,35% en glissement annuel.
Depuis le démarrage du présent exercice, ce sont 25.936 unités qui ont trouvé preneur. Par rapport au deux premiers “tours” de 2021, le marché s’est rétréci de 5,56%. Dans le détail, le segment des véhicules particuliers a enregistré à 23.075 immatriculations (-4,73%), tandis que celui des véhicules utilitaires légers, ce “thermomètre” du climat des affaires, a reculé plus franchement (-11,29% et 2.861 immatriculations).
Après un démarrage marqué par un gros patinage en janvier (-16,06%), le champion des ventes sur le marché domestique, Dacia, a bouclé le deuxième des douze tours de l’année avec un handicap de -14.44 % sur la perf’ enregistrée en février 2021. A fin février, c’est-à-dire en cumulant les volumes obtenus depuis l’avénement de l’année en cours, la baisse est de 15,27% versus l’année dernière au cours de la même période.


Quand Dacia éternue, c’est tout le marché qui s’enrhume…
La marque la plus consommée chez nous depuis 2010 a vendu 2.969 unités le mois dernier et 6.000 exemplaires depuis le début de l’année. Un “manque à gagner” de 501 unités en février et de près de 1.100 unités déjà par rapport aux deux premiers mois de l’exercice précédent. En fait, si le leader des ventes avait vendu autant d’unités que l’année dernière, les voyants seraient au vert pour le marché du neuf
En effet, en février, abstraction faite de Dacia, le sigma des ventes des marques ayant pignon sur rue sous nos latitudes a progressé de 57 unités par rapport aux volumes enregistrés l’année dernière. Le marché hors Dacia affiche une très légère croissance, en d’autres termes. Et si ses parts de marché (PDM) mensuelle et cumulée sont encore bien confortables (respectivement 24,54% et 26%), les poursuivants ont refait une (petite) partie de leur retard (abyssal).
La PDM et les ventes du dauphin Renault ont également reculé, mais dans des proportions moins franches. La marque au Losange a écoulé 1.585 unités en février (-7,2%) et 3.410 unités depuis le 1er janvier dernier, ce qui représente une croissance de 9,33% versus les deux premiers mois de 2021. Elle affiche une PDM de 13,1% sur un mois isolé et capte 14,78% du game au cumul des deux mois. La PDM cumulée des deux marques de Renault Group Maroc culmine à 37,64% en février et flirte avec les 41% si l’on prend en compte la performance annuelle.
Les marques “on fire” résistent bien
C’est Peugeot qui grimpe sur la dernière marche du podium mensuel et Hyundai sur celle du podium à fin février. La marque au Lion a vendu 1.331 exemplaires le mois dernier (+25,92%) et 2.042 depuis le début de la course annuelle (+14,4%), quand Hyundai a enregistré 1.125 ventes en février (+14,91%) et 2.596 lors des deux derniers mois (+25,53%).
En cinquième position des deux classements, on retrouve Opel, l’une des marques “on fire” du marché, qui s’est repris après un démarrage délicat. La marque au Blitz a écoulé 753 unités le mois dernier (+33,75%) et 1.180 depuis le début de l’année (+9,87%).
Dans les deux cas, Citroën suit de près en février, avec 643 unités (+17,98%), et d’encore plus près en additionnant les performances des deux mois écoulés en 2022, avec 1.069 immatriculations (-4,72%).
Pour sa part, Toyota occupe le septième rang (506 immatriculations en février, à +38,25%) et 1.024 unités écoulées (+51,26%) en comptabilisant les ventes de janvier également, ce qui lui permet de signer la meilleure croissance du marché pour le moment.
C’est une autre marque qui a le “Mojo”, Kia, huitième du classement mensuel et neuvième de l’AIVAM Race après deux des 12 manches de l’année, qui a enregistré la progression des ventes la plus musclée en février. La marque coréenne a écoulé 474 unités (+69,89%) le mois dernier et 838 exemplaires depuis le 1er janvier dernier (+46,76%).
Il a quasiment fallu recourir à la photo-finish pour se rendre compte que Volkswagen arrive derrière en février (469 unités et +46,76%), mais est devant en prenant en considération les deux derniers mois (1.021 véhicules vendus et -22,77%).


Le luxe vacciné contre la crise
Enfin, Audi, qui n’est pas attendue à pareille fête en sa qualité de marque premium, mais qui est sur la lancée de sa superbe année 2021, ferme les Top 10 mensuel et annuel provisoire, avec respectivement 299 unités (-4,87%) et 700 immatriculations (+27,97%).
Sans transition, le segment du luxe s’est plutôt bien comporté dans son ensemble. Comme à l’accoutumée, le podium premium est 100% allemand. Derrière l’intouchable marque aux Anneaux, on retrouve en effet celle à l’Etoile, Mercedes, qui retrouve des couleurs après une année 2021 en demi-teinte, avec un total de 495 exemplaires vendus depuis le début de l’année (+12,5%), et, en troisième position, celle à l’Hélice, BMW, qui a écoulé 318 unités en 2022 (-24,82%).