La crise ? Quelle crise ? Le Covid et les “Stockvides” (du fait de la crise des semi-conducteurs) ne peuvent rien contre cette vérité impavide ! Même les Almoravides et les Séfévides peuvent s'y mettre que ça ne changerait rien à la donne ! Le monde pourrait s'écrouler que Dacia et Renault capteraient, pépère, une part de marché cumulée de 40% sur notre marché...
Comme il est de coutume à chaque début d’année, Renault Group Maroc a tenu sa très “épiée” conférence de presse dédiée au bilan de l’ensemble de ses activités, commerciales et industrielles, au cours de l’exercice passé. Signe particulier, cela dit : l’événement a été digitalisé cette année, en raison de la situation sanitaire, dont un maître de l’euphémisme dirait qu’elle est préoccupante.
En revanche, il est des choses qui ne changent pas, qui semblent immuables. C’est le cas de la très nette hégémonie qu’exerce la branche commerciale du groupe Renault Commerce Maroc (RCM) sur le marché du neuf au Maroc, année après année, par le truchement de ces deux marques, Dacia et Renault.
La crise sanitaire et celle des microprocesseurs ont eu un impact limité sur ces deux marques en 2021. Même la “cuisine interne” du groupe eut pu leur être défavorable. En effet, un an après la présentation, par Luca de Meo, du nouveau plan stratégique du groupe, de la “Renaulution”, du passage d’une logique de volume à un “mindset” axé sur la rentabilité, sur la création de valeur (ajoutée), Renault a reculé en France (en termes de chiffres de ventes bruts). Au point de voir son éternel rival, Peugeot, la déboulonner du piédestal sur lequel elle a su rester posée plusieurs décennies durant.

Pendant ce temps-là, Dacia, qui est encore loin d’avoir atteint son plein potentiel commercial en France et en Europe, y a vu ses ventes progresser.
Résilience commerciale
Rien de tel chez nous, où les deux marques de Renault Group Maroc disposent d’une avance suffisamment confortable pour ne pas regarder à tout bout de champ dans les rétros, pour ne pas craindre pour leur leadership.
A l’occasion du premier point de presse automobile de l’année (hors “bilan de l’AIVAM”), Mohamed Bachiri, directeur de Renault Group Maroc, DG de l’usine Renault de Tanger, coordinateur du pôle industriel Maroc et membre du Board of Management du groupe français, s’est félicité de la part de marché captée en 2021 par chacune des deux marques dont il préside aux destinées au plan national.
En effet, Dacia a fait preuve d’une belle résilience en performant quasiment autant qu’en 2019 (-0,45%) et bien plus qu’en 2020. La marque affiche une PDM de 28,56% en 2021. Pour sa part, Renault a vu ses ventes reculer de 5,93% et sa part de marché s’établir à 13,22%. La part cumulée de Renault Commerce Maroc culmine à 41,78% !

Bachiri a précisé, par ailleurs, que le Maroc représente désormais le cinquième partenaire industriel mondial du groupe, de même que son neuvième marché mondial, avant de rappeler que la filiale marocaine du constructeur français est la locomotive de la filière automobile marocaine, avec près de 303.600 véhicules produits en 2021 dans les sites de Tanger et Casablanca, soit près de 10% de plus qu’en 2020.
“Industrie-ctible”
Sachant que Luca de Meo a expliqué récemment que la crise des microprocesseurs a empêché le groupe de produire quelque chose comme 500.000 véhicules au niveau planétaire, la performance mérite d’être saluée !
Du reste, Bachiri a indiqué que près de 255.000 véhicules produits localement ont été exportés, que le taux d’intégration des unités produites dans les deux sites industriels est supérieur à 60%, désormais, et que l’objectif de 65% à l’horizon 2023 sera atteint.
Selon lui, Renault Group Maroc oeuvre au quotidien pour “la concrétisation de la vision royale déployée ces vingt dernières années”. Et d’ajouter que son groupe est en passe de tenir les nombreux engagements pris avec l’Etat marocain, qu’il a réussi une transformation profonde de son outil de production, de même que son passage aux “usines 4.0”, que les nouvelles lignes d’assemblage (pour les Dacia Sandero et Logan, mais aussi le Renault Express) ont fait faire un bond technologique à tout son écosystème…

Marquée par la présence des autres membres de l’état-major du groupe français au Maroc, à savoir Fabrice Crevola, DG de Renault Commerce Maroc et de la marque Dacia sur notre marché, Mohamed Bennani, DG de la marque au losange au Maroc, et Vincent Hauville, PDG de RCI Finance Maroc, captive financière du groupe, la conférence de ce 19 janvier a aussi été l’occasion pour le premier nommé de présenter les modèles qui ont permis à Dacia et à Renault d’être au-dessus de la mêlée en 2021.
Le clan des best-sellers
Les deux marques ont fait carton plein au niveau du Top 5 des ventes par modèles et ont placé pas moins de 7 modèles dans le Top 10. Avec 12.633 ventes, la Dacia Sandero, renouvelée en septembre dernier, a survolé les débats.
Rendez-vous compte ! C’est plus de 7% du volume total des ventes du marché du neuf ! Et c’est une part de 31% sur le segment des citadines. Crevola a expliqué que près des deux tiers des clients Sandero ont opté pour le haut de gamme et que la déclinaison Stepway d’icelle a séduit près des trois quarts d’entre eux.

La Dacia Logan s’est classé deuxième et la Renault Clio a grimpé sur la troisième marche du podium. Du classique, en d’autres termes ! Bennani a rappelé, à ce propos, que plus de 100.000 Clio ont été vendues au Maroc depuis l’apparition de la première génération au tout début des années 90. Seules la Logan, qui flirte avec la barre des 200.000 ventes, et la Sandero, qui s’en approche à bride abattue, ont fait mieux sur notre marché.
Hauville a indiqué que la business unit RCI Finance Maroc sera remplacée en 2022 par deux entités distinctes, Renault Financial Services et Dacia Financial Services. Il a indiqué, en outre, qu’un produit “mourabaha” est déployé depuis peu et que des solutions locatives sont dans les starting-blocks. Il a annoncé, enfin, le lancement imminent d’une signature électronique.
Du nouveau à tous les étages
Il a aussi été question de consolidation du réseau commercial (une dizaine de nouveaux sites seront inaugurés en 2022), ou encore de véhicule d’occasion (VO), business que le groupe Renault souhaite développer au Maroc. Crevola a dépeint un marché fragmenté, a identifié divers freins à son développement, mais a également donné des raisons d’y croire.

En 2021, Renault Group Maroc n’a pu se mettre sous la dent que 800 transactions dans le VO, mais le potentiel de croissance est important. Dacia et Renault entendent travailler main dans la main avec l’AIVAM et la NARSA pour assainir ce secteur et, ainsi que l’explique Crevola, “professionnaliser le process d’acquisition et de vente”.
Pour soutenir cette activité, le groupe a ouvert un nouveau site dans sa succursale de Lissasfa (région de Casablanca), a lancé un service de conciergerie et va prochainement offrir une nouvelle raison sociale à son département dédié : Renew.
Arkana, Spring, A110…
Pour l’année qui vient de démarrer, Bennani s’est fendu d’une formule dont lui seul a le secret : “on va continuer de vivre dans un monde plutôt volatile et plutôt incertain”. Pas de projections précises, autrement dit.

Cependant, la feuille de route est suffisamment claire : consolidation du segment C et de celui des véhicules utilitaires, lancement du premier véhicule hybride de Renault au Maroc, le SUV Coupé Arkana, qui ouvrira le bal de l’électrification de la gamme marocaine de la marque au losange et, chez Dacia, arrivée de la Spring, citadine surélevée 100% électrique…
Ah, on a failli oublier (pas du tout, en fait ! On brûle de vous le dire depuis le début). L’arrivée d’Alpine figure également dans l’agenda 2022 de Renault Group Maroc ! Car, tout n’est pas que statistiques froides, conquête commerciale… Des berlinettes A110, il ne s’en vendra pas des masses ! En matière d’image, en revanche, c’est banco ! On en reparle très prochainement ! Promis !