Le marché du neuf au Maroc aurait sans doute battu son record de 2018 sans un dernier trimestre compliqué et un mois de décembre mollasson, marqués par la pénurie mondiale de puces électroniques et, partant, par des stocks sur courant alternatif. Au vu de cette conjoncture peu favorable, le taux de croissance enregistré à l’issue de l’année écoulée, à savoir 31,5% par rapport à 2020 (et 5,7% versus 2019), fait déjà figure d’exploit !
L’incontournable conf’ de presse de début d’année de l’AIVAM, lors de laquelle ce collège des importateurs de véhicules au Maroc dresse traditionnellement le bilan de l’exercice fraîchement écoulé sur le marché du neuf, a eu lieu ce 6 janvier en distanciel, en raison de la situation sanitaire, chaque jour un peu plus préoccupante.
La moisson annuelle est inespérée, au vu de la pénurie de semi-conducteurs, qui a été, tout au long de l’année, et plus encore au cours du second semestre, le cauchemar des responsables de la supply chain des marques présentes sur notre marché, un casse-tête pour la gestion des stocks.
Adil Bennani, président de l’AIVAM, a estimé l’impact de cette crise dont on n’est pas prêt de voir le bout à environ 10.000 unités sur l’ensemble de l’année 2021. C’est ce qui s’appelle une perte sèche !
Fort heureusement, le marché a bénéficié en 2021 d’un effet “rattrapage”, d’un transfert des transactions n’ayant pas pu aboutir l’année d’avant. Sans la crise des semi-conducteurs, si les marques avaient pu disposer de stocks bien fournis, cet effet aurait été bien plus important, a estimé Bennani.
Il n’empêche que l3am zin ! Les statistiques de l’AIVAM font état de 175.360 véhicules écoulés sur le marché du neuf en 2021. La progression est de l’ordre de 31,5% par rapport à 2020, année marquée par le creux abyssal du confinement, et de 5,7% vs 2019 !
A deux doigts du record des ventes !
Le record des ventes sur une année (177.359 exemplaires vendus), réalisé en 2018, était à portée de main ! Le delta n’est que de 2.000 unités ! Comment elle fout le “seum”, cette crise des “seumi”-conducteurs…
Avec 154.123 immatriculations, le segment des véhicules particuliers (VP) affiche quatre points de croissance par rapport à 2019. La progression du segment des véhicules utilitaires légers (VUL) est plus vigoureuse (19,8%), mais on parle d’un volume des affaires moindre (21.237 ventes).
Si le Diesel est toujours la motorisation Alpha sous nos latitudes, l’AIVAM constate néanmoins une petite poussée des modèles essence, qui ont représenté 10,8% du volume des ventes l’année dernière. Les ventes de ces modèles sont portées essentiellement par les véhicules hybrides.
Il y a lieu de signaler que pas moins de 11 marques sur les 30 qui ont pignon sur rue au Maroc ont désormais des produits à motorisation alternative. Quelques années plus tôt, seule Toyota était dans le game !

Les tendances du marché
Les SUV ont eu droit à une grosse part du gâteau en 2021, à une PDM de 31,4%, en progrès de plus de 15% par rapport à 2019, quand les citadines ont stagné l’année dernière, mais conservent tout de même leur deuxième place au classement par segments (26,3%).
Passons au classement par marques, dominé, sans surprise, par Dacia, qui a capté une PDM confortable de 28,56%. Renault est deuxième, avec une part de 13,22% et Peugeot ferme le podium avec 7,93% grâce à un exercice solide (croissance de près de 13%). L’année a même été faste pour Opel (+79,8%), sixième, et Kia (+173%), dixième !
Côté premium, c’est Audi qui a fait régner sa loi, grâce à une croissance de 59,72% et 3.506 véhicules vendus. BMW est deuxième et a également vu ses ventes progresser fortement (+30,7%), tandis que Mercedes, première en 2020, est troisième.
A noter la belle année de Jeep (1.801 ventes et +19,11%), quatrième de ce classement, et de Volvo (1.160 exemplaires, soit une croissance de 11,43%), son poursuivant immédiat, ou encore celle, exceptionnelle, de Porsche (+106%), septième.
Vous en voulez encore, de la “big data” ? Sachez que le prix moyen pour l’achat d’un véhicule a grimpé à 252.000 DH en 2021. C’est 8.000 DH de plus qu’en 2020. Autre enseignement que l’on peut tirer de l’année écoulée : la répartition des ventes par sexe tend de plus en plus vers la parité, avec 42% de cartes grises détenues par des femmes en 2021. C’est plus de dix points “grattés” au cours de la décennie précédente ! Girl Power!
Prospective
Il a aussi été question des perspectives du marché automobile du neuf. Si l’épisode des semi-conducteurs est loin d’être achevé, d’autres challenges attendent l’AIVAM et ses membres, notamment en matière de dématérialisation et d’électrification. Du fait de la crise sanitaire et du manque de visibilité qui en découle, le salon Auto Expo n’aura pas lieu en 2022. Pas dans sa forme habituelle, physique, en tout cas ! En revanche, une édition virtuelle de ce salon n’est pas inenvisageable ! A suivre !
Enfin, le lobbying dans le domaine de l’électrification, la négociation avec les pouvoirs publics en vue d’intensifier les incitations fiscales en faveur des véhicules propres représentera, dans les années à venir, l’une des missions principales de l’AIVAM.
Dans un marché “diesélisé” à 90% et où tout reste à faire en termes de réseau de bornes de recharge, la tâche ne sera pas de tout repos ! Il n’empêche qu’à l’international, les constructeurs automobiles sont en train de déserter, un à un, la filière du moteur thermique. Il faut agir vite pour que les habitudes de consommation locales “matchent” un tant soit peu avec les nouvelles tendances en matière de mobilité et éviter ainsi le réveil brutal.