Le coup d'envoi de l'édition 2022 des 24 Heures du Mans, épreuve reine du championnat du monde FIA d'endurance, a été donné ce mercredi avec la tenue de la première séance qualificative. L'Hyperpole se tiendra ce jeudi en début de soirée, tandis que le joyeux intermède de la traditionnelle parade de vendredi, cédera la place aux choses sérieuses, à la course, à cheval entre samedi et dimanche. In-ra-table ! 24 heures khayroun min alfi yaoum...
Mardi 7 juin, début d’après midi. Votre serviteur reçoit le message suivant sur son “bigosmartphone” : “les 24 Heures du Mans commencent maintenant, les écuries s’installent, c’est très gai, tout le monde se retrouve, se parle, se raconte l’année… Demain, les essais démarrent. L’adrénaline monte fortement déjà chez les pilotes, le pouls aussi, qui va rester très haut, autour de 120 ou 130, et qui ne commencera à redescendre que lundi prochain.”
Ces mots élégants sont de notre “envoyée spéciale”, Dane Olivar, veuve de Max, le légendaire pilote marocain à qui ce site doit son nom. Max Cohen-Olivar (1945-2018), c’est 22 participations et maints coups d’éclats aux 24 Heures du Mans, bébé ! Son nom est intimement lié à l’épreuve mancelle, qui se trouve être la course la plus mythique de la planète (Le GP de Monaco de F1 ? Les 500 Miles d’Indianapolis ? Ouais…) ! En tout cas, les pilotes pouvant se targuer d’avoir disputé plus d’éditions que lui se comptent sur les doigts d’une main !
Sa fidèle équipière, Dane, a raté deux des glorieuses campagnes de son chéri ; des cas de force majeure dans les deux cas – l’année du bac de leur fille et, quelques années plus tard, celle de son accouchement. Mais elle ne ratera pas une miette de la 90e édition des 24 Heures du Mans ! Et pour cause : comme mentionné plus haut, c’est notre “envoyée (très) spéciale”. Oui, c’est spécial : elle ne s’est pas rendu au Mans cette année, n’y a pas mis les pieds depuis la disparition de Max, en fait, malgré l’invitation ouverte de l’Automobile Club de l’Ouest (ACO), association qui promeut la course depuis 1923 ! Cela dit, tout son esprit et tout son cœur y sont !
Tout est question de prisme de lecture ! Pour nous autres Marocains, ou plutôt pour ceux d’entre nous qui ne sont pas frappés d’amnésie, qui se souviennent des grands hommes et des grandes femmes que ce pays a comptés, l’association d’idées entre Max Cohen-Olivar et les 24 Heures est naturelle ! Son absence plane et planera, aussi longtemps qu’elle sera tenue, sur l’épreuve d’endurance sarthoise.
Hypercar : Toyota pour un cinquième succès de rang ?
“The show must go on”, disent les très pragmatiques Anglo-Saxons. C’est un spectacle de frappadingue qui s’annonce pour cette 90e édition, qui a déjà livré ses premiers enseignements à l’issue des séances de qualification du mercredi. Dans la catégorie reine Hypercar (ex-LMP1), qui ne met aux prises que cinq prototypes, cette année, le favori Toyota Gazoo Racing, en course pour un cinquième succès de rang (comme dans l’absolu) sur le circuit de la Sarthe, performance réalisée par trois constructeurs à ce jour, Porsche (le “rekordmeister”, avec 7 victoires consécutives entre 1981 et 1987), Ferrari (6 couronnes entre 1960 et 1965) et Audi (5 titres entre 2004 et 2008), a connu une première séance de qualifs mi-figue, mi-raisin.
Si le vainqueur de l’épreuve en 2021, le pilote japonais Kamui Kobayashi a claqué le meilleur temps des qualifs au volant de sa Toyota GR010 Hybrid #7 en 3’27”247, qualifs perturbées, soit dit en passant, par la pluie et par un drapeau rouge consécutif à une sortie de route à l’orée des Hunaudières, l’autre proto Toyota, le #8, a fait des siennes. Longtemps retenus dans les stands, à cause d’un problème technique, le Néo-Zélandais Brendon Hartley et sa machine n’ont pu boucler qu’un petit tour chronométré, en fin de séance, sur piste humide. Conséquence : la cinquième et dernière place en Hypercar et un temps décevant, un handicap de 13 secondes sur le temps de référence du mercredi.
Les outsiders ont des raisons d’y croire !
Les deux autres écuries en lice, Glickenhaus Racing et Alpine Elf Team, ont donc des raisons d’espérer. Et pour l’Hyperpole, qui aura lieu ce jeudi soir, et pour la course, qui se disputera samedi et dimanche ! Les deux protos SCG007 de l’écurie américaine ont fait forte impression en qualifs. Le Français Olivier Pla et l’Australien Ryan Briscoe n’ont concédé respectivement qu’un et sept dixièmes à Kobayashi.
Enfin, Alpine, qui ne part à la “guerre” qu’avec un seul proto, a eu plus de mal à suivre le rythme. L’A480 a tourné près de 2,5 secondes plus lentement que le proto Toyota #7. Cela dit, un des enseignements tirés par Max Cohen-Olivar au cours de sa carrière est qu’il ne faut pas en tirer, des enseignements, de la séance de qualifs du mercredi. Certes, Toyota possède le proto pour gagner, le seul à bénéficier de l’hybridation, d’un système de récupération d’énergie cinétique et de son corollaire, un boost électrique qui peut être activé à partir de 190 km/h. Certes, sa Vmax est redoutable. Les radars l’ont chopé à 337 km/h lors des “répétitions des 24 Heures”, dimanche dernier à Spa.
Mais le proto nippon est aussi le plus lourd du plateau Hypercar. Il affiche 1.070 kg sur la balance, soit 40 kg de plus que le proto américain. C’est, surtout, 118 kg de plus que le proto français, “flashée” à 325 km/h à Spa, mais capable de refaire son retard dans les tronçons sinueux. Le spectacle s’annonce palpitant, en d’autres termes.
De la baston à tous les étages !
Même constat en LMP2, où tous les prétendants sont équipés en châssis Oreca. Tous les prétendants ? Non ! Un village peuplé d’irréductibles Gaulois, l’équipe Ligier du CD Sport, résiste encore et toujours… Des favoris se détachent parmi les 27 voitures en courses, notamment les trois engagées par l’équipe belge WRT, qui prend part à cette 90e édition avec un capital confiance gonflé à bloc en sa qualité de tenante du titre dans cette catégorie, mais aussi parce qu’elle a enchaîné les succès, depuis, avec 3 victoires lors des quatre manches du championnat du monde d’endurance disputées depuis lors !
En GTE Pro, le plateau est constitué de 7 voitures. Au programme : un crêpage de chignon monumental entre les Porsche 911 RSR, les Ferrari 488 GTE et les Corvette C8.R, tandis qu’en GTE AM, les deux premières nommées trouveront sur leur route les Aston Martin Vantage AMR !